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Leïla SLIMANI : L’identité comme matière d’écriture

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    Admin LCF
  • il y a 1 jour
  • 2 min de lecture


Leila Slimani écrivaine auteure
Leila Slimani écrivaine auteure

Le Cercle Français : En tant qu’écrivaine, engagée ou non, vous êtes lue. Pensez-vous que la littérature, dans l’espace francophone, constitue un genre à part, un socle fondamental, une condition essentielle ?

Leïla SLIMANI : Vous savez, je ne crois pas que la littérature ait pour vocation de "changer" le monde. Ce n’est pas une mission qui lui revient. Elle n’est pas là pour militer, pour porter un drapeau. La littérature avance à sa manière, sans fracas, en faisant ce qu’elle peut — et c’est déjà énorme. Ce qu’elle permet, c’est d’ouvrir les horizons, de décaler les regards. Ce sont les êtres humains qui transforment le réel, pas les livres. Mais la littérature, peut-être, nous rend-elle un peu moins bornés, un peu plus curieux, plus attentifs, plus généreux aussi… un peu plus humains, finalement.


Le Cercle Français : Vous avez souvent expliqué ne pas vouloir vous définir strictement comme "Marocaine" ou "Française". Ce sont des étiquettes qu’on vous attribue de l’extérieur. Est-ce que ce rapport à une double culture influence votre écriture ?

Leïla SLIMANI : On me pose souvent cette question. Et très franchement… je n’en sais rien ! Si je n’avais qu’une seule culture, est-ce que j’écrirais différemment ? Peut-être. Mais je suis faite de ce mélange, de cette traversée entre deux mondes - ou peut-être même plusieurs. J’écris avec cela, avec ce que je suis, tout simplement. Alors oui, bien sûr, mon identité imprègne mes textes. Mais je ne peux pas dire que ce soit plus déterminant qu’un autre aspect de ma vie ou de mon histoire. C’est là, de façon fluide, organique, sans que j’aie besoin d’y penser.


Le Cercle Français : Vous avez exercé comme journaliste. Est-ce que cette expérience du réel, ce regard porté sur le monde, a influencé votre écriture littéraire ?

Leïla SLIMANI : Très certainement. Le journalisme a affûté mon regard, m’a appris à observer, à écouter. Il a forgé une certaine sensibilité, une attention au détail. Et puis, il y a aussi une forme de plaisir dans la presse, dans le reportage en particulier. J’en lis beaucoup, j’en tire une inspiration constante. Cela nourrit mon imaginaire, ça m’imprègne sans doute, même si je ne le théorise pas.Mais vous savez, je suis incapable d’analyser mon propre travail. Ce n’est pas à moi de le faire. D’autres, mieux placés, peut-être des chercheurs ou des critiques, peuvent poser un regard plus distancié. Moi, j’écris dans le mouvement, portée par une nécessité intérieure, plus que par une conscience construite

 
 
 

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